« Tous les hommes rêvent, mais pas de la même façon. Ceux qui rêvent la nuit, dans les recoins poussiéreux de leurs esprits, s’éveillent le jour et découvrent que leur rêve n’était que vanité. Mais ceux qui rêvent de jour sont dangereux, car ils sont susceptibles, les yeux ouverts, de mettre en œuvre leur rêve afin de pouvoir le réaliser. C’est ce que je fis. »

El Rey

EL REY EST UNE RENCONTRE ENTRE LA DESTINÉE LOUFOQUE D’ANTOINE DE TOUNENS, ROI D’AURICANIE ET DE PATAGONIE ET LES INDIENS MAPUCHE. C’EST L’HISTOIRE D’UN HOMME SEUL, QUI TRAVERSE L’OCÉAN POUR REJOINDRE UN PEUPLE, LES SELKNAMS,(TRIBU MAPUCHE DE LA TERRE DE FEU) DONT IL SERAIT LE ROI. ACCUEILLI PAR LES SELKNAMS, PRIS DANS DES ENJEUX POLITIQUES ET COLONIAUX QUI LE DÉPASSENT, INTERNÉ DANS UN ASILE AU CHILI, IL NE RESTE DE LA DESTINÉE D’ANTOINE, QU’UNE LÉGENDE ET DES MAIGRES CORRESPONDANCES.

QUI EST VRAIMENT ANTOINE DE TOUNENS ? UN FOU ? UN NAÏF ? UN ORGUEILLEUX ? UN HOMME PORTEUR D’UN GRAND DESTIN QU’IL POURSUIVRA TOUTE SA VIE EN DÉPIT DES ÉCHECS ET DES SARCASMES

Prochainement : 1er octobre – Villa Gilet, Lyon

Nous mêlons l’ethnologie, l’histoire, la performance dansée et théâtrale, ainsi que des objets mapuches vrais et artefacts, des ambrotypes, des impressions photographiques à la chlorophylle..

Association Rhizom · Thème Antoine de Tounens version 1
Interview du Roi de Patagonie par Elisabeth Bonneau, réalisée par Microphone et le TNG

Teaser EL REY

Exposition théâtralisée

 

Recherches plastiques sur le cyanotype et sur la photosensibilisation de feuilles d’arbre

Spicilège photographique des Selknams.
Le procédé photographique à la chlorophylle.

Dans l’exposition, un module « Spicilège photographique » est constitué avec d’ une série d’impression à la chlorophylle de portraits d’homme et de femme Selknam créé par Rhizom.
Le procédé à la chlorophylle est une technique photographique datant de l’époque d’Antoine de Tounens, (milieu du XIX° siècle). Cette technique utilise la photosensibilité des végétaux pour créer des images. Il fait partie de la famille des phytotypie (phytos : plante ; Typie : imprimé ). Ce procédé à la chlorophylle utilise le feuillage vert des végétaux, la chlorophylle qui s’y trouve sera le révélateur de l’image en contact avec les rayons UV du soleil.
Le procédé à la chlorophylle IL est apprécié pour ses qualités écologiques, ses nombreuses possibilités de contrastes et, à l’évidence, pour ses composantes naturelles. Le procédé requiert une grande patience et beaucoup de temps. Véritable éloge de la lenteur, il se situe aux antipodes des paramètres principaux de la photographie telle que nous la connaissons aujourd’hui. Performance, haute résolution, vitesse d’exécution, rapidité de diffusion sont délaissées pour renouer avec les prémisses du médium photographique.

Le végétal est un élément important dans la culture Mapuche (« mapu » terre « che » peuple). Les Selknams avait une relation harmonieuse et respectueuse avec la nature. Leur portrait sur feuille est comme une alliance, comme si ils ne formaient qu’un seul être vivant. La connexion Selknam/nature est tellement forte qu’elle est inscrite sur la fibre végétale, aboutissement de leur relation par cette interpénétration du Selknam dans le végétal. Nous avons utilisé ce procédé pour exposer sur une matière éphémère, fragile, vivante les portraits de différents indiens Selknams afin de mettre en avant la fragilité de ce peuple face aux incursions européennes.
Les portraits des Selknam ont été réalisés par Martin Gusinde, missionnaire allemand et ethnologue. (1886-1969). Martin Gusinde est l’un des rares occidentaux à avoir vécu parmi les peuples Selk’nam, Yamana et Kawésqar. (Ethnies originelles de la Terre de Feu). Le photographe et missionnaire allemand effectuent quatre voyages en Terre de Feu entre 1918 et 1924.
Il rapportera énormément de portraits, de scènes de la vie quotidienne et de la vie cérémoniale des Selknams.
Ce peuple vivait sur la plus grande île de la Terre de Feu et fut décimé dans le courant du XXème siècle.
A l’arrivée des colons, des exploitants agricoles et éleveurs de bovins se sont installés et appropriés les terres de Patagonie et de la terre de feu sans se soucier des peuples originels.
Vers1880, l’occupation européenne de la Terre de Feu commence avec l’exploitation de l’or puis ensuite l’exploitation des pâturages pour l’élevage des moutons. En 1883, le gouvernement a accordé la première concession dans la partie nord de l’île pour l’élevage de moutons ce qui a eu pour conséquence la chasse massive des premiers moutons par les Selknams ne connaissant pas le concept de la propriété, continuant de vivre de cueillette et de chasse librement, sans limite de terrain. Alors, Les colons seront autorisés à abattre les chasseurs Selknams pour défendre leur bétail. Au cours de ce même siècle, Une politique de concentration des populations Selknams dans les missions évangélistes a créé une situation favorable à la propagation des maladies infectieuses, ce qui a entrainé la mort des réfugiés autochtones en raison de la tuberculose, de la grippe, de la pneumonie, de la scarlatine et des maladies vénériennes. En 1905, il ne restait plus que 500 Selknam sur une population estimée à 4000 en 1880. En 1960, il ne restait qu’une seule Selknam, vivant à Buenos Aires , morte en 1972.
L’extermination des Selknams, longtemps ignorée ou occultée par l’histoire nationale Chilienne et Argentine, fut enfin qualifiée de génocide en 2003 par le Chili.

Pour nous, le procédé chlorophylle traduit la vulnérabilité de cette civilisation, la fragilité de ce peuple face aux incursions européennes. L’éphémère dans le temps, l’œuvre qui se désagrège est comme le souvenir de ce peuple. Le portrait du Selknam inscrit par le soleil sur le végétal est voué à disparaître sous les rayons de celui-ci et par décomposition si nous ne le protégeons pas. Le spicilège photographique est un recueil de visages, œuvres sensibles qui nous ramène à la valeur de ce que nous avons perdu.